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Épisodes : ép. 1 ép. 2 ép. 3 ép. 4 ép. 5
#1- Parcours d’un italo-phile
Hello everybody, my name is James, I’m 29 years old, I’m an english teacher and I’m talking from Switzerland.
Ciao James ! Je voudrais tout d’abord que tu nous parles un peu de ton parcours scolaire.
Bonjour tout le monde ! Tout d’abord je m’excuse pour mon accent anglais, maintenant je vais vous parler en français. Mon parcours scolaire n’a rien de spécial. Je n’ai pas étudié les langues à la faculté mais je savais depuis le début que je voulais être professeur !
Professeur de quoi ?
Professeur d’Histoire.
Tu parles beaucoup de langues aujourd’hui ?
Outre l’anglais, ma langue maternelle, je parle couramment l’italien et également très bien le français puisque je réside actuellement en Suisse Romande, précisément à Yverdon, peut être que vous connaissez, je ne sais pas. La langue Italienne est une des langues officielles de la Suisse. En plus, il y a une grande communauté italienne ici, et du coup j’ai encore de nombreuses opportunités de parler italien. Je me débrouille en espagnol et j’ai récemment commencé à étudier l’allemand, parce que c’est la langue la plus répandue en Suisse.
Et tu aimes bien l’allemand ?
Je trouve que c’est difficile mais parfois ça ressemble à l’anglais, mais oui j’aime cette langue.
C’est drôle, parce qu’on dit souvent que les anglophones ne cherchent pas à apprendre les langues étrangères et qu’ils ne connaissent pas bien l’Europe !
Tu dis cela à cause du Brexit ? En effet, je voulais aussi briser ce cliché qui dit que les anglais sont paresseux et qu’ils n’apprennent pas de langues étrangères. Cependant, mon séjour en Italie m’a permis de sortir des sentiers battus en m’accordant l’opportunité d’améliorer mes compétences linguistiques, surtout en italien comme j’ai vécu en Italie. Je suis très fier de pouvoir parler toutes ces langues aujourd’hui. Je suis la seule personne de ma famille qui parle une autre langue que l’anglais.
Donc il y a un peu de vrai dans ce cliché ?
C’est pour cela que j’ai dit « briser ces clichés » qui existent, mais maintenant avec le Brexit ça devient encore plus vrai !
Diplômé d’une Licence d’Histoire
Quelles études as-tu faites et à quel endroit ?
J’ai fait mes études à l’université de Northumbria à Newcastle-Upon-Tyne, une ville dans le nord de l’Angleterre, tout près de la frontière écossaise. J’ai obtenu mon diplôme en Histoire en juillet 2010 et j’ai écrit mon mémoire de Bachelor sur « L’empereur Constantin et la diffusion du Christianisme dans l’Empire Romain ».
Le mémoire de Bachelor correspond à la Licence ?
C’est pour valider le diplôme « Bachelor ».
Mais Bachelor c’est Bac + 3, Maturità più 3 ?
Euh, je n’en sais rien.
Combien d’années d’université as-tu faites ?
En fait, trois.
Oui, alors ça correspond à la Licence en France.
Licence, ok.
Je voudrais te demander pourquoi tu as choisi de t’expatrier en Italie ?
C’est une bonne question. Après avoir obtenu mon diplôme, je ne savais pas quoi faire, je savais effectivement que je voulais être professeur d’Histoire, mais je n’avais que 22 ans. A l’époque, je croyais que c’était un bonne idée d’avoir des expériences professionnelles, avant de postuler pour un Master en enseignement. C’est ma copine de l’époque qui m’a parlé du projet Comenius organisé par le British Council.
Et tu penses encore aujourd’hui que c’est une bonne idée, d’avoir une expérience professionnelle, ou finalement tu regrettes ?
Cela donne un avantage à l’entretien d’embauche, c’est tout. Je crois que c’est surtout l’expérience pratique qui est un plus, donc oui c’est un avantage.
En quoi consiste ce projet (Comenius) ?
Le but de ce projet est d’aider les aspirants professeurs à développer leurs compétences pédagogiques, à travers un stage, dans des instituts d’enseignements (par ex. un lycée) en Europe. Moi, j’ai choisi l’Italie car j’avais déjà commencé à étudier l’italien, et aussi parce que je connaissais déjà des gens là-bas, y compris ma copine et surtout parce que je raffole d’Histoire italienne.
Vraiment ? Qu’est-ce qui te fascine tant sur l’Histoire italienne ?
J’aime toute l’Histoire mais surtout italienne. Quand j’étais enfant, ma mère m’a transmis le goût pour l’Histoire et puis on ne vivait pas très loin d’un fort romain et du Mur d’Hadrien qu’on visitait fréquemment. Étant donné que l’Italie est le berceau de la culture romaine et de la culture moderne, j’avais envie d’en savoir plus. Pour cela, j’ai donc lu toutes les histoires sur la fondation de la ville de Rome et de son empire, puis j’ai même choisi d’étudier les Lettres modernes (en Angleterre, on appelle cette filière “études classiques”, comme la littérature grecque ou romaine) pendant mes études supérieures en Angleterre. C’est à dire que de 16 à 18 ans j’ai poursuivi ce…
…ce cursus ?
Oui voilà, ensuite, à l’université, j’ai choisi les modules sur La fondation de l’Italie moderne (Il Risorgimento, 1861), La Renaissance et Les empires genevois et vénitien, et enfin Le Fascisme italien.
Waou c’est un beau cursus, et un beau programme d’apprentissage !
Je suis d’accord !
Comment as-tu connu ces personnes en Italie. À quel âge as-tu commencé à apprendre l’italien et comment l’as-tu appris ?
J’ai connu ces personnes grâce à un bénévolat en Angleterre, en fait c’est mon grand père qui à l’époque gérait un “international camp” pour les enfants, tous les étés, une sorte de camp culturel et linguistique (un peu comme le centre de loisirs en France). Moi j’étais bénévole comme tous ces italiens, mais je travaillais avec des personnes qui provenaient de tous les pays du Monde, dont l’Italie. En ce qui concerne les cours d’italien, j’ai débuté en 2009, mais ce n’était pas un cours officiel, en fait j’ai commencé à la maison avec un logiciel qui s’appelle “Talk to Me” et qui était super efficace !
Oui, je crois que tu m’en avais déjà parlé.
C’est un logiciel comme les applications qu’on a aujourd’hui style Babbel, Memoriz…
Tu l’utilises toujours ?
Non, je préfère parler aux gens.
#2 – Une expérience 100% italienne
La vie italienne à Trévise
Qu’est ce qui t’as attiré là-bas et pourquoi partir y vivre ?
Comme je le disais juste avant, le projet proposé par le British Council me semblait chouette et j’avais vraiment envie de voyager et d’avoir des expériences à l’étranger. J’étais censé rester là-bas pendant une année, pourtant après l’expiration de mon contrat avec le British Council, je n’avais aucune intention et envie de partir ! Alors, j’ai cherché un autre travail en tant que professeur d’Anglais, et heureusement j’ai vite trouvé, j’ai commencé un contrat à Wall Street Institut.
Qu’est ce qui t’as donné le goût de rester ?
Je suis littéralement tombé amoureux de Trévise et à la pensée de devoir déjà partir et d’abandonner cette vie que j’avais construite m’attristait, à tel point que j’aurais tout fait pour pouvoir y rester. La vie italienne m’a attiré et c’est pour cela que j’ai cherché un autre travail, et c’est dans une école privée de la ville que je l’ai trouvé. Je ne savais pas à cette époque, mais c’était la bonne décision et je ne la regrette pas car j’ai connu mes vrais amis, qui sont toujours des amis très proches et des personnes qui ont beaucoup marqué ma vie, comme toi. On a vécu ensemble pendant combien de temps, je ne me souviens pas ?
8, 9 mois, mais c’est toujours plus intense lorsqu’on sait qu’on est là que pour une période donnée et qu’on est tous deux expatriés, ça crée des liens forts.
Qu’est ce qui t’as plu tout de suite en Italie ?
Ce qui me plaisait le plus était la culture et la camaraderie. J’ai eu le plaisir de rencontrer des gens fantastiques et de vivre des expériences extraordinaires.
Surtout avec tes colocataires ?
Mes colocataires étaient toujours sympas et c’est grâce à eux que j’ai pu apprendre la langue italienne et à un bon niveau. On ne communiquait qu’en italien à la maison, c’est quelque chose que je trouvais très agréable et que j’appréciais beaucoup. En plus, j’aime beaucoup la cuisine italienne, surtout les pâtes au pesto qui est vite devenu mon plat préféré !
Par contre tu n’as jamais oublié le thé anglais ?
Le thé anglais ? Non on ne peut pas l’oublier ! Cela fait partie de mon identité.
Vivre dans le centre historique
Et tu habitais où ?
J’habitais un appartement en colocation situé en centre ville, je ne me souviens plus du nom de la rue par contre ?
Via Marzolo
Oui via Marzolo dans le centre de Treviso et j’y ai vécu pendant 4 ans.
Et c’est quoi qui te plaisait ? Cela devait être bien de vivre en plein centre ville et d’autant plus dans le centre historique ?
Oui, c’était un avantage d’habiter en centre ville, parce que j’avais tout à portée de main, tout ce dont j’avais besoin, même Billa, qui était notre supermarché favoris, comme tu me le disais. C’était un vrai délice, sortir le matin avant d’aller travailler pour prendre un cappuccino et un cornetto (croissant) à Piazza dei Signori (place des Seigneurs).
#3 – Expatriation et administration : l’épreuve
Amour et haine à l’étranger
Et que détestais-tu ?
Ce que je détestais en Italie c’était l’administration, un peu comme ici en Suisse, rien n’était simple.
Tu as un exemple ?
Les tâches administratives par exemple, même pour envoyer une lettre à la poste il fallait une journée de congé pour accomplir “cette mission”. En étant Anglais, je suis habitué à faire la queue, mais les italiens n’ont pas cette habitude, c’est un peu chacun pour soi ! Je me souviens d’une fois, au moment de payer les impôts, juste avant de partir d’Italie en 2015, je me suis rendu à la banque où j’ai bien passé 3 heures, “et seulement 3 petites heures” avant de découvrir que mon compte n’était pas habilité à faire ce type de paiement. Evidemment j’étais très en colère parce que j’avais perdu mon temps.
C’est sûr, 3 heures ce n’est pas rien !
C’était 2 jours avant mon départ pour la Suisse, j’avais perdu tout mon temps.
Mais ce n’est pas fini, il y a une suite j’imagine ?!
Oui ce n’est pas fini, c’est une sorte d’entracte, on peut dire. La dirigeante m’envoie donc à la poste pour effectuer le paiement où j’ai passé encore une heure à attendre. Quand enfin j’arrive au guichet et que je demande à payer, l’administrateur me répond en italien bien évidemment : – « Ma che cazzo fai a venire in banca a pagare le imposte? » – « Che..CHE devo fare io? » – « Mica siamo una banca! » …et tout le monde se demande pourquoi l’évasion fiscale est très répandue en Italie ? Voilà la réponse !
Traduction : – « Mais qu’est-ce que vous foutez ici ? On ne paye pas les impôts ici bordel ! » – « Qu’.. qu’est-ce que je dois faire moi alors ? » – « Mais nous ne sommes pas une banque nous ! »
Du coup, ça n’a pas résolu ton problème de paiement au final ?
J’ai pu finalement régler le problème, mais ce qui ne m’a vraiment pas plu c’était l’attitude de cet homme. Je ne supporte pas ce genre d’attitude !
Je n’aurais pas supporté moi non plus, je te rassure !
Le pays de la mode
Maintenant que tu vis en Suisse, qu’est-ce qui te manque le plus ?
Mes amis me manquent chaque jour. Je reste parfois en contact avec eux, mais c’est difficile à cause du travail, je tiens toujours énormément à eux et je pense souvent à eux, d’autant plus que nous passions de super week-end ensemble. Bien évidemment je n’oublie pas les quelques soirées bien arrosées en raison des bons vins régionaux que les bars nous conseillaient. Les sorties le soir font aussi parties intégrantes de la culture Trévisane. Il faut savoir que lorsque l’on sort à Trévise, il faut toujours porter ses plus beaux habits et vêtements.
Dans quel but ?
Pour se montrer et se faire admirer par les autres, c’est très italien. J’apprécie beaucoup ce côté là, c’est le pays de la mode !
C’est aussi le côté classe qui est recherché, certaines personnes le font vraiment pour être admirées mais il y a aussi ce côté de la mode et cette envie de bien s’habiller, pas seulement pour comme on dit “frimer”.
En 5 ans à Trévise, je n’ai jamais vu une seule personne mal habillée, toujours très propre sur eux, très beaux.
Prudence avec le Prosecco !
Quelles genres de sorties faisais-tu avec tes amis?
Des sorties pour prendre un verre, aller au cinéma, quand j’étais avec ma copine on allait au restaurant. Je peux vous raconter une petite anecdote marrante, il y’en a beaucoup mais je vais en choisir une pour vous. Je ne suis pas très fier et je ne me souviens plus trop quelle année c’était mais … bon. C’était une journée d’août bien ensoleillée et après avoir donné quelques cours le matin, mon collègue et moi sommes sortis boire un coup à notre Osteria préférée. On connaissait très bien le propriétaire et en arrivant, il s’est approché de nous pour nous dire qu’à chaque fois qu’on viderait une bouteille de Prosecco, il nous en donnerait une autre gratuite.
C’est dangereux aussi !
Oui, ne buvez pas trop les enfants ! Le problème est que le Prosecco italien est tellement délicieux qu’on le buvait comme de l’eau, il faisait chaud en plus. On en profitait en mode “Carpe diem”, c’est à dire comme si on devait mourir demain. Puis d’autres amis sont arrivés et au fur et à mesure, nous étions déjà quatre amis à boire ce Prosecco.
Cela a multiplié les bouteilles donc ?
Ils nous aidaient effectivement à vider ces bouteilles, ça allait plus vite. Je me rappelle qu’on est arrivé à sept, peut-être huit, neuf bouteilles, ou peut-être bien plus… et après je me suis réveillé dans la baignoire chez moi le lendemain… bon, c’était bizarre. Je n’ai toujours pas la moindre idée de comment je suis arrivé à la maison. Après, il m’a bien fallu six mois avant que je recommence à boire du Prosecco, désormais je m’en méfiais beaucoup. Même maintenant, quand je regarde les bouteilles de Prosecco je me méfie, et parfois ça me donne encore la nausée.
Encore aujourd’hui ?
Encore aujourd’hui oui, j’évite à tout prix !
Tu es traumatisé donc ?!
Oui en effet, je suis traumatisé. Trévise est une ville très connue dans le monde pour son équipe de Rugby (Benetton Treviso), alors on avait souvent l’occasion de “picoler” et de fêter les victoires et même les défaites avec les fans et joueurs en centre ville et au stade.
#5 – Quelques lieux clés à Trévise
Les bons plans
Si tu devais conseiller à un étranger des lieux pour se divertir à Treviso ? Lesquels recommanderais-tu ? (Bars, restaurants, musées, villes alentours…)
Cela dépend des goûts de chacun, mais moi j’ai bien aimé l’Osteria Trevisi pour sa charcuterie, ses canapés (toasts italiens) et surtout sur son choix de vins (attention au Prosecco cependant).Mais j’aime aussi cet endroit pour l’atmosphère et l’ambiance. C’est un bar où il y avait pleins de supporters de rugby, comme je vous disais avant, qui venaient regarder le match le week-end. Je vous conseille également le bar Botegòn (et on met l’accent svp !) où l’on peut trouver de bonnes bières et des canapés typiques de la région. Pour les gourmands, je conseille le restaurant Arman qui propose une cuisine typiquement Trevisane et des vins de qualité. On ne peut pas oublier la Pizza parce qu’on est en Italie ! Pour les amateurs de Pizza : il est donc indispensable d’aller Da Pino et Da Fausta qui sont de très bonnes « pizzerie ».
Et des endroits que tu aimes bien ?
Venezia (Venise) est à 20 minutes en train, il faut y aller au moins une fois dans sa vie et puis il y a aussi Castelfranco, c’est un mini Treviso avec des petits canaux qui traversent la ville comme Trévise. Vous avez aussi Vicenza (Vicence), Verona (Vérone)…
La Vénétie en fait ? Toute la région, je veux dire.
Oui c’est une très belle région !
Et à part la pizza, on est quand même au pays de la glace, quel glacier nous conseilles-tu ?
Les trévisans disent que le meilleur glacier c’est celle de via San agostino, je ne me rappelle plus du nom du glacier.
Merci James pour ce témoignage et pour nous avoir partagé tes expériences d’expatrié ! En espérant que nous pourrons nous retrouver prochainement en Italie pour d’autres aventures !
N’oublions pas de préciser que l’abus d’alcool, et particulièrement de Prosecco comme dirait James, est dangereux pour la santé !